Résumé :
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Sur un lit d?hïpital, Milo s?¥teint lentement. A son chevet le r¥alisateur new-yorkais Paul Schwarz råve d?un ultime projet commun : un film qu?ils ¥criraient ensemble a partir de l?incroyable parcours de Milo. En s?attachant a ce destin issu d?un pass¥ aussi singulier qu?universel, en s?arråtant sur les origines de Milo dans un premier temps effac¥es puis peu a peu recompos¥es, ce film serait le reflet ¥clatant de trois lignes de vie ayant travers¥ le siecle en incarnant ses d¥cennies de joies et de larmes, d?espoirs et de r¥sistance, d?exode, d?exils et de fureur.
Sur son lit d?hïpital, port¥ par l?enthousiasme de Paul, son dernier amour, Milo revoit le visage des deux grands protagonistes de son histoire. Tout d?abord Neil Kerrigan, son grand-pere, un ¥migr¥ irlandais ayant fui son pays en 1914. Neil, qui n?avait que vingt-deux ans, råvait alors de devenir ¥crivain comme l?¥tait d¥ja son ami Joyce. Mais en abordant les difficult¥s de l?exil, en laissant a jamais derriere lui son territoire originel, Neil perdit la po¥sie de sa langue au profit d?une m¥lancolie qui jamais plus ne fit le lit d?une ?uvre litt¥raire.
Comme dans un råve et bien qu?abandonn¥ tout enfant, Milo entend la voix de sa propre mere, une indienne Crie prostitu¥e a Montr¥al, qui fit l?erreur ? est-ce une erreur ? ? de s?attacher a un homme, un client bien incapable de l?aider a vivre autrement.
Mais a ces deux personnages, Milo va ajouter un pays et surtout une musique. Apres l?Irlande et le Canada, Milo revit le Br¥sil et plus particulierement sa passion, sa d¥couverte de la capoeira, le rythme des Indiens si longtemps interdit par les autorit¥s, la Danse noire qui dans son corps s?imposa d?embl¥e tel un h¥ritage. Une empreinte, une m¥moire chevill¥e au corps.
Ainsi s?¥ploie et se d¥ploie a travers ce roman un siecle de voix, d?amours et de pertes, de deuils et d?exils dans toutes les langues du Nouveau Monde. Un siecle de d¥placements, de guerres et de renoncements, a travers lequel se d¥bat puis se dessine une famille, une lign¥e mais surtout un destin, celui de Milo. Malgr¥ tous les trous noirs de sa vie, malgr¥ la solitude abyssale et bruyante qui l?habite, il atteint une ind¥pendance particuliere : celle des r¥sistants, celle des survivants, celle des exil¥s dont l?imaginaire habit¥ de m¥tissages est parfois territoire de cr¥ativit¥.
Ainsi Milo gamin perdu, mal aim¥-mal trait¥, est-il devenu sc¥nariste, homme d?histoires et d?images dont la po¥sie est un ultime hommage a l?ancåtre ayant laiss¥ son áme dans une ville irlandaise.
Un roman habit¥ par le bruissement des langues, celui des origines qui fa?onne nos pens¥es, nos id¥es comme nos destins. Ces langues que nous habitons des notre naissance et qui, remplac¥es par celles de l?exil nous replongent dans l?immaturit¥, la d¥pendance, la vuln¥rabilit¥ de l?enfance. Difficile pour tous, d¥sastreux pour les ¥crivains, l?exil¥ de sa langue perd ainsi a jamais une part de son åtre.
Ce livre est la voix de ces ámes perdues dans la tourmente du vingtieme siecle, temps de guerres et de violences ou des milliers d?individus ont ainsi d¥chir¥ leur vie pour la porter au loin. Ou la laisser derriere eux a jamais.
Passant d?une langue a l?autre, Danse Noire conjugue avec virtuosit¥ la polyphonie souvent douloureuse du continent am¥ricain a celle de l?abandon creusant dans l?enfance le sillon d?une m¥moire báillonn¥e.
Un roman magnifique, une photographie panoramique de l?identit¥ humaine que le lecteur ne pourra percevoir en pleine lumiere qu?a la toute fin de l?histoire.
Film ou roman, roman d?un film, ce livre est l??uvre totale, libre et accomplie d?une romanciere au sommet de son art.
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